La peinture est une aventure
Appollinaire a dit : « Sans les poètes, sans les artistes,les hommes
s'ennuieraient vite de la monotonie naturelle. »
Si j'ai choisi de ne pas représenter la réalité, c'est que je la vois déjà tout le temps. J'ai eu envie d'autre chose, de vivre des aventures sur le papier ou sur la toile. Pour moi, peindre c'est essayer d'exprimer l'indicible. Sinon je me serais lancée dans l'écriture Alors comme beaucoup, j'ai d'abord appris à dessiner et à peindre des objets, des corps, la nature, etc, dans des ateliers. J'ai copié les grands maitres, des heures devant les natures mortes de Chardin ou les pommes de Cézanne. Mes modèles ont été Nicolas de Stael, les cubistes, l'Ecole de Paris : Bissière, Manessier, Arpad Szenes, Vieira da Silva, Zao Wou ki, et puis avant eux, Bonnard, Marquet, Matisse, Vuillard. Et puis j'ai cherché longtemps comment transformer cette réalité dont je suis imprégnée, la tenir à distance, inventer des histoires, y mettre des signes, des couleurs, des matières. Au jeu de la découverte, donner des indices, garder un peu de mystère. Exploratrice imaginaire, vaincre mes peurs, parcourir les continents d’un coup d’aile. L'œuvre se construit petit à petit, à partir de tout ce qui nous a traversé depuis le début de notre vie, souvenirs, impressions, lumières et ombres. Tout changement sur la toile est un dévoilement et, comme disait Soulages, c'est ce que je fais qui me dicte ce que je vais faire. Quand le travail avance bien, c'est qu'on a réussi à lacher prise, et qu'on a cessé de contrôler. On ne sait pas pourquoi ça marche ou pas. Parfois la main d'un ange tient le pinceau. Mais quand le travail n'avance pas bien, ne pas hésiter à pratiquer l'accident, le repentir, le massacre et la superposition. Nicolas de Staël disait aussi : « On ne peint jamais ce qu'on voit ou croit voir, on peint à mille vibrations le coup reçu ». Les règles classiques de composition et d'harmonie des couleurs sont importantes, il faut que le regard tourne. Et savoir jouer de tout, épaisseur, transparence, superpositions, signes, lignes et couleurs, avec pinceau, couteau, papier froissé, etc . Un tableau est comme une présence silencieuse qui s'offre à vous et qui vous contemple. Christine WALHAIN - 2023
|
« Couleur
du vent »
Qu'importe pour le peintre ce
qui advient de ce qui se présente au regard. « Une grande falaise rouge
», « Au bord de l'eau » ne sont plus des lieux mais des principes
capables de saisir une ambiance, de traduire l'expérience d'une
subjectivité. « La douceur du soir », « L'air du large », « Couleur du
vent » sont des coffrets enfermant de précieuses sensations, des états
d'âme.
Les tableaux de Christine Walhain possèdent une élégance sobre associant des signes posés avec soin à des couleurs subtiles déposées avec retenue. Les signes renvoient à des écritures, les masses colorées déclarent la défaite de la géométrie. Elles cherchent, appliquant des règles non apprises, leur point d'équilibre dans l'espace. Ici le langage pictural est dynamique. Il puise dans la paradoxale opposition entre frontalité et profondeur. C'est ainsi que toile après toile la peinture de Christine Walhain tient à distance en même temps qu'elle fait naître le désir de pénétrer un monde calme et fécond. Catherine
PLASSART
Art Point France - 2012 |